« Un coup de soleil se transforme en bronzage. » Vraiment ?

Pause vous éclaire sur les mythes qui entourent le domaine de la santé.

— Chloé Marriault, La Presse

La croyance

Quelques jours après un coup de soleil, la peau peut avoir un teint hâlé. Mais cela est-il un bronzage classique ?

La réalité

Les coups de soleil s’expliquent par une surexposition aux rayons ultraviolets. Selon le degré d’intensité de la brûlure, la peau va être plus ou moins rouge et douloureuse. Après quelques jours, certains vont avoir un teint hâlé, tel un bronzage classique. La raison ? Il y a deux types de bronzage : le bronzage immédiat, dû aux UVA et le bronzage retardé, dû aux UVB. Les rayons UVB, à l’origine des coups de soleil, engendrent la formation de nouvelle mélanine. Ainsi, le bronzage apparaît deux ou trois jours après l’exposition au soleil. « Après un coup de soleil, on a tendance à vouloir apaiser la peau avec de la crème hydratante ou du baume après-soleil. La personne peut ensuite avoir un teint hâlé, mais le mal est fait, des dommages peuvent survenir à long terme », prévient Joël Claveau, dermatologue spécialisé en mélanome au CHU de Québec. 

Un super-champignon mortel

Candida auris n’est pas une bactérie. C’est un champignon qui se comporte comme une bactérie. Plutôt comme une super bactérie résistante aux traitements. Coup d’œil sur ce nouvel ennemi des hôpitaux, qui se transmet plus facilement que le virus Ebola et qui inquiète les infectiologues du monde entier.

Qu’est-ce que Candida auris ?

C’est un champignon susceptible de provoquer des infections potentiellement mortelles. Tous les êtres humains transportent des microbes et des champignons (sur la peau, dans la bouche et le tube digestif) et d’ordinaire, les mycoses (ou candidoses, c’est-à-dire les infections causées par des champignons) sont provoquées par des micro-organismes qu’on porte déjà et qui profitent d’un affaiblissement du système immunitaire pour causer une infection. « Candida auris est complètement différent sur ce plan : il provient de l’extérieur, il se propage d’un individu à l’autre dans les hôpitaux », dit Ilan Schwartz, infectiologue à l’Université de l’Alberta.

Un super-champignon

Avec Candida auris (ou C. auris), la médecine fait face pour la première fois à un micro-organisme qui n’est pas une bactérie et qui présente une résistance aux traitements. « Ce ne sont pas toutes les souches de Candida auris qui sont résistantes, mais ce qui fait peur, c’est que certaines sont résistances à toutes les classes d’antifongiques », explique Yves Longtin, infectiologue et directeur de l’unité Infection, prévention et contrôle à l’Hôpital juif de Montréal. Ce champignon est par ailleurs difficile à éradiquer des environnements contaminés. « Les désinfectants utilisés de manière courante ne fonctionnent pas », souligne le Dr Schwartz. Pour s’en débarrasser, il faut sortir les « gros canons », selon le Dr Longtin : chlore et peroxyde d’hydrogène vaporisé.

Plus contagieux qu’Ebola

«  [C. auris] se transmet plus facilement qu’Ebola », illustre le Dr Schwartz. Par ailleurs, ce super-champignon remplit les conditions d’une « tempête parfaite », selon lui : en plus d’être difficile ou même impossible à traiter, son identification pose encore problème et, surtout, il se propage très facilement. C. auris peut survivre pendant plus d’un mois sur des surfaces inertes et il a la particularité de coloniser la peau, « ce qui est très préoccupant pour la contamination », note l’infectiologue de l’Alberta. Une personne contaminée peut notamment développer des infections invasives du sang (septicémie) et des plaies. Pour éviter la propagation, il est recommandé d’isoler ces malades.

Qui est à risque ?

« Ce n’est pas une préoccupation pour le grand public », précise toutefois le Dr Schwartz. « On pense que la majorité des gens qui sont colonisés par ce champignon ne développeront pas d’infection », résume le Dr Longtin. Les personnes à risque sont de « grands malades », des personnes hospitalisées et traitées pour d’autres problèmes de santé importants. Se trouver aux soins intensifs, être traité par intraveineuse, pour un cancer ou avoir subi une chirurgie abdominale font partie des facteurs de risque.

Niveau de risque au Canada

C. auris a été identifié dans au moins 17 pays depuis sa découverte en 2009, au Japon. Moins de 10 cas ont été rapportés au Canada à ce jour, dont un au Québec en 2012. « C. auris n’est pas un gros problème actuellement au Canada, mais les perspectives sont alarmantes », juge toutefois le Dr Schwartz. Doit-on s’inquiéter du fait que la vaste majorité des cas signalés aux États-Unis l’ont été dans des États proches comme le New Jersey et New York ? « Non, je ne crois pas, dit le spécialiste. [C. auris] va plus vraisemblablement nous arriver d’Extrême-Orient, de l’Inde ou du Pakistan par des gens qui seront passés par le système de santé là-bas où sa présence est déjà endémique. » La seule souche multirésistante identifiée au Canada provenait de l’Inde.

Prêt, pas prêt ?

C. auris est un sujet brûlant en infectiologie. « Le Laboratoire de santé publique du Québec est très au fait de la situation. Il y a des lignes directrices qui ont été envoyées aux hôpitaux pour prévenir la propagation de C. auris alors qu’on n’avait pas de cas rapportés. Il y a une préparation, on ne veut pas se faire avoir », assure le Dr Longtin. Comme pour les autres infections nosocomiales, C. auris est d’abord un problème pour les milieux hospitaliers. Qu’en est-il des centres pour personnes âgées ? « Des gens y seront colonisés, mais ceux qui s’y trouvent sont moins vulnérables que dans les unités de soins intensifs des hôpitaux », nuance le Dr Schwartz, se faisant rassurant.

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